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Education & parentalité

[#Génération2020] Comment les enfants régulent-ils leur propres pratiques numériques ?

Les écrans font partie intégrante de la vie des jeunes, tant en primaire qu’en secondaire. La présence des technologies dans leur vie quotidienne a donc un impact. Quels sont leurs opinions et ressentis sur les utilisations communément considérées comme problématiques ?

Quand les enfants appréhendent les risques

La surutilisation des outils numériques induit-elle du stress ? La privation d’accès aux écrans provoque-t-elle une impression de manque1 ? Plus de la moitié (55 %) des élèves déclare qu’ils∙elles ressentiront un certain manque (35 % « oui, un peu », et 20 « oui, certainement ») s’ils∙elles ne peuvent uti- liser leur tablette pendant une journée. Mais les enfants s’estiment-ils∙elles eux-mêmes trop attachés à leur tablette ? 61 % répondent par l’affirmative (28 % « parfois » et 33 % « souvent »). Le constat est le même en ce qui concerne le smartphone : 66 % des répondant∙es disposant d’un smartphone ressentiront un manque (27 % « oui, certainement » et 39 % « oui, un peu ») s’ils∙elles n’y ont pas accès pendant une journée. Ils sont 56 % à estimer l’utiliser avec excès (36 % « parfois » et 20 % « souvent »). Un facteur de stress supplémentaire provient non pas de leurs usages mais de ceux de leurs proches. Plus de la moitié des élèves estiment leurs parents trop concentrés sur leurs smartphones.

Un contrôle parental ciblé et une expertise partagée

estiment donc leurs parents trop attachés à leurs écrans. Il semble que l’inverse soit également vrai puisque 72 % des élèves subissent les critiques de leurs parents à ce sujet (49 % parfois et 23 % souvent).

Des règles sont alors mises en place. En effet, seuls 12 % affirment qu’il n’y a aucune règle à la maison pour ce qui concerne l’usage d’écrans. La principale régulation concerne les moments où l’on peut les utiliser (55 %) et pour combien de temps (50 %). La régulation des parents concerne moins ce que l’enfant « peut faire » (33 %) face à un écran. Le contrôle des individus avec qui l’enfant peut entrer en contact est le moins fréquent, avec 17 % des répondant∙es ayant coché cette option.

Concertation en famille variable

Les usages des écrans par les jeunes ne font pas toujours l’objet d’une concertation en famille. 32 % d’entre eux se voient imposer leurs usages par les parents (42 % souvent et 26 % parfois). Dans 50 % des cas, c’est l’enfant qui amorce une discussion à ce sujet alors que pour 19 % d’entre eux, la négociation se fait à l’initiative des parents. Dans 31 % des cas, cette situa- tion évolue au fil du temps. 38 % des élèves du primaire ont affirmé « avoir décidé ensemble » des règles d’utilisation, alors que, pour 60 %, les décisions quant aux usages viennent des parents qui « disent ce que je peux ou dois faire ». Les parents contrôlent « fréquemment » le respect de ces règles pour 56 % des enfants, et « parfois » pour 22 % d’entre eux. Ce n’est pas le cas pour 22 % des répondant∙es, pour qui les règles édictées ne s’accompagnent pas d’un contrôle de leur respect.

Qu’en est-il des usages collectifs ? Ils sont relativement faibles, l’écran restant un objet dont l’usage est plutôt solitaire. 39 % ne regardent jamais de films avec leurs parents et 58 % ne jouent jamais à des jeux avec eux.

Qui sont leurs personnes ressources ?

Confrontés à un problème technique avec un support, les membres de la famille sont, pour les enfants, les personnes ressources privilégiées. Les élèves du primaire font en effet principalement appel à un parent (64 % des répondant∙es), à un frère ou une sœur (38 % des répondant∙es), voire à un grand-parent (16 %). Les pédagogues (instituteur∙rices et éducateur∙rices) sont globalement peu sollicité∙es (8 %). Mais les enfants sont aussi eux- mêmes des personnes ressources pour venir en aide à un proche confronté à un souci d’utilisation de son support numérique. 70 % des enfants déclarent avoir déjà aidé quelqu’un. L’expertise est donc ici partagée.

Analyse

L’enquête #génération2020 semble entériner une défaite inattendue : celle du contrôle parental généralisé, serré, voire coercitif, sur les pratiques numériques des enfants et des adolescent·es.

On ne compte plus les articles grand public faisant l’apologie d’un contrôle parental strict sur fond de diabolisation de la technologie. Ils sont si nombreux qu’on en vient à estimer qu’une vaste demande parentale existe à ce sujet, et que l’entreprise n’est pas aisée, tant ces articles regorgent de bons conseils. Les résultats de notre enquête permettent d’éclairer la question. Si l’on prend comme critère celui des pratiques majoritaires, telles que relatées par les répondant·es, la pression parentale apparaît globalement plus faible qu’attendu, à quelques éléments près : la gestion du temps et la gestion des dépenses. Ainsi, pour plus de la moitié des moins de douze ans, ce sont les parents qui gèrent le moment et la durée d’utilisation. Ils et elles trouvent ces derniers généralement excessifs, et porteurs d’effets psychiques négatifs. Tout naturellement, c’est sur cette dimension que portent les principaux efforts de régulation et/ou de négociation entre adultes et enfants, assortis d’un contrôle sur l’observance des règles.

 « Quand mes parents me disaient que je jouais trop, c’est plus quand j’étais petit. Comme c’était nouveau, ça fait un peu peur. C’est comme Internet, au début, tout le monde avait peur genre « ça va créer des problèmes psychologiques chez lui ! » … Quand j’étais petit j’avais beaucoup de remarques, mais maintenant les gens justement ils me demandent quoi quand je joue moins ! … « pourquoi est-ce que tu joues pas ? ».

 « Moi je pouvais l’utiliser que les samedis et les dimanches … que quand c’était les jours de congé ».

Moins d’un tiers des parents sont crédités comme régulateurs·rices des pratiques et des contenus : ce qu’on peut faire avec les écrans, où on peut les utiliser, ce qu’on peut y publier, avec qui y discuter. De surcroît, sur ces différents éléments, selon les répondant·es, la négociation est davantage initiée par les enfants eux-mêmes. Ce manque de contrôle direct semble par ailleurs profiler une certaine « paix dans les familles », puisque les parents restent les premiers légitimés à pouvoir intervenir en cas de pépin.

 

Le contenu de cet article est extrait de l’analyse « Un contrôle parental assoupli - Interprétation critique de l’enquête #Génération2020 (5/5) » et des résultats de l’enquête #Génération2020, première enquête d’envergure sur les pratiques numériques des enfants et adolescent∙es menée en Fédération Wallonie- Bruxelles. Entre 2019 et 2020, plus de 2000 élèves de l’enseignement primaire et secondaire ont répondu à un questionnaire abordant différents aspects de leur vie connectée. Ces données statistiques ont été complétées par des entretiens individuels et des débats en groupe. Découvrez l’ensemble des résultats sur http://www.generation2020.be/. #Génération2020 fut menée par l’asbl Média Animation en partenariat avec le Conseil supérieur de l’éducation aux Médias de la Fédération Wallonie-Bruxelles (CSEM). L’enquête #Génération2020 est le fruit d’une collaboration fédérale dans le cadre du projet « Belgian Better Internet Consortium » (B-Bico), co-financé par le programme Connecting Europe Facility de l’Union Européenne. Elle fut élaborée à partir de l’initiative flamande Apestaartjaren grâce à un partenariat avec Mediaraven, Mediawijs et le département MICT de UGENT / IMEC.